Tsekuro,
Madala. Ainsi s'adresse-t-on aux vieux. Rares, ils sont respectés,
du moins formellement par tous. Mais ils abandonnent ou partagent volontiers
leur prérogatives de "père", d'"elder" le
plus âgé à leur fils aîné, quand ce dernier
vit à ses côtés. L'homme mûr qui est le vrai détenteur
de pouvoir, les vieux sont les détenteurs de la mémoire d'un
lieu. Ils connaissent les cérémonies, ils connaissent les endroits
sacrés, ils connaissent les jugements qui ont été rendus.
Les vieux sont d'abord une classe d'âge, même si souvent ils regrettent
à demi-mots la verdeur des débuts de leur maturité. Pour
les groupes plus faibles, les jeunes hommes et les femmes mariées,
la catégorie rhétorique des "vieux" incarnent l'aliénation,
leur dépendance dans une société où le pouvoir
dans la vie quotidienne est masculin et / ou vieux.
"Nossos
antepassados são malucos, eram brutos, atrasados, viviam num outro
mundo assim, não sabiam de nada, essa cultura deles não vale
nada mesmo."
"Nos ancêtres sont fous, ils étaient bruts, retardés,
ils vivaient dans un autre monde comme ça, ils ne savaient rien, cette
culture-là (à eux), elle ne vaut vraiment rien-"
Miguel - 22 ans instituteur - entretien 1998
"J'ai dit à mon père [à Madala], au
lieu de tuer une vache quand tu seras mort, mangeons-la maintenant avec toi.
J'aurais voulu pouvoir faire cela pour ma mère aussi, mais j'étais
absent, elle est morte et j'étais au Zimbabwé". Ben - 44
ans - conversation 1999.