"Fin de journée, petite conversation avec deux voisins sur le pas de la porte, manière de se siroter un verre. La lune est pleine. Elle est en train de se faire manger par les nuages, nous avons discuté en rigolant très fort avec les voisins sur la lutte de la lune avec les nuages : elle s'efforce de monter et en même temps vaincre les nuages, et puis irrésistiblement, elle ira se coucher de l'autre côté. Après tout ça, un me demande, mais pourquoi, comment est-ce que la lune apparaît même le jour, pourquoi est-ce qu'elle se couche toujours du côté opposé de son lever ? Il me demande aussi comment expliquer les tremblements de terre. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il y a des trous d'air en avion ? Est-ce que les deux sont liés ? Et puis il dit, bon on est entre nous, ce sont des questions que l'on doit pouvoir discuter entre hommes ! " Extrait de mes notes. 1999.
La
question du savoir et du contrôle s'est indéniablement complexifiée
au cours des 100 dernières années, qui sont celles de l'insertion
croissante du Mozambique dans un monde plus large (non pas qu'on ait jamais
eu affaire à des mondes clos sur la communauté clanique- Voir
le Livre de M. Newitt.1997. A History of Mozambique. Bloomington and Indianapolis:
Indiana University Press.), dans des réseaux plus importants. La dynamique
politique, économique locale et internationale a confronté de
plus en plus de Mozambicains à une multiplication des pouvoirs, des
événements, des réalités qui les affectent et
sur lesquels ils ont peu de prise. Cette conscience du changement traverse
toutes les vies que j'ai rencontrées. Comme le disait un de ces hommes
mûrs: "our culture is changing", ou encore un autre:
"os
tempos mudam"
(port. les temps changent).