" A la campagne, c'est comme cela qu'ils draguent" me dit Zaza alors qu'il peignait cette fresque sur le mur de mon ancienne maison à Chimoio.

Le soleil descend. La femme rentre du champ avec l'eau sur la tête. Un homme passe rentrant aussi la houe sur l'épaule. Il tire brusquement la femme par le poignet, l'eau verse. Il lui dit "Viens donc voir mon champ…", allégorie pour une invitation à des relations sexuelles en brousse. Zaza dénonce la brutalité de ces relations, la rudesse de l'homme 'traditionnel', de la campagne.

Alors que Zaza mettait la dernière main à la peinture, nous avons interrogé un vieux garde et un visiteur de quelque 50 ans, sur ce qu'ils voyaient sur ce mur. Ils nous dirent en riant: l'homme emmène la femme au champ, elle allait par un chemin de traverse et il la rappelle à son ouvrage!

Nous jouons avec nos aînés les taquinant, moquant leur interprétation flatteuse et hypocrite du comportement des hommes. Ce jeu a l'avantage de mettre en scène (perform) mieux qu'une longue exégèse un point de débat entre des groupes, hommes, femmes, hommes âgés, jeunes, de la campagne, urbains… Il démontre aussi combien les interprétations sont situées. Ce type d'interprétation qui tente de définir les "hommes" et les "femmes", me rappelle des discours apparentés entendus au Cap-Vert.

Mozambique
Venha na minha machamba. "Venez donc dans mon champ!". Zaza 1999. Chimoio. Fresque à la peinture à l'eau
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