Femmes comme danger.
Extrait d'entretien avec un prêtre catholique capverdien - 1990
Il
y a beaucoup de culte rendu au mort, sans aucun doute, mais il n'y a pas de
crainte des dieux, des ancêtres, du fétichisme comme chez l'Africain,
parce que nous n'avons pas eu l'opportunité. Ce que nous trouvons ici,
se retrouve dans de nombreux villages européens. Le cas du sorcier
(cordeiro), du guérisseur (curandeiro), je l'ai trouvé
à Florence, Rome, Italie… Ce n'est pas du type africain. La profondeur
de la conscience de l 'homme capverdien, cette tendance à s'apparenter
à l'Européen c'est la nécessité qui l'impose,
ce n'est pas un manque de sincérité. Les jeunes filles (moças)
veulent paraître comme. Défriser les cheveux, parce que c'est
une manière de subsister. Au Portugal on trouve beaucoup de Capverdiens
qui sont blancs et qui ne veulent pas être Capverdiens. Mais c'est une
tendance qui est venue de la nécessité historique. Une jeune
fille qui sait qu'en ayant un enfant avec un blanc, elle cesse d'être
une esclave, devient patronne, la moralité… Et la femme capverdienne
a toujours été le point de référence de deux races.
La femme capverdienne est extrêmement importante. De ce point de vue,
quel est le rôle de la femme capverdienne dans l'histoire ? C'est une
étude que je suis en train de tenter, parce qu'elle [la femme] a fait
la liaison entre le blanc et le noir, c'est elle qui a fait la liaison entre
le métis et le noir. C'est elle parce que l'émigrant capverdien
est masculin, c'est elle qui tient l'homme capverdien lié à
sa terre. [ ]. L'homme s'en va et désire revenir à sa terre
(terra) vers la mère,
l'épouse, la fille qu'il a laissée ici, parce que le garçon
s'en va aussi. Ce rôle de la femme [ ] nous allons tenter d'y remédier,
changer les mentalités des personnes, pour une bonne forme familiale,
la femme doit se tirer de la tête la situation qu'elle a vécue
pendant des siècles.
Folle dans une forêt