En dix ans, j'ai pu juger de l'évolution de la mode, des vêtements, de la coiffure, bref de l'esthétique des corps féminins et dans une moindre mesure les masculins. Les corps se découvrent, surtout en ville me disent plusieurs interlocuteurs, on voit maintenant des nombrils partout, sur la plage des "fio dental" - string - selon les hommes, les femmes se font plus aguichantes, plus rapaces.
Mais les hommes continuent toujours à raconter leurs exploits sexuels
à leur copain, harcèlent toute fille qu'il juge jolie, pas
trop vieille et pas de leur famille. Ce jeu entre hommes et femmes est aussi
un jeu dont les deux parties jouissent, mais il ne voile pas pour autant
les disparités entre les acteurs dont le
jeu garde un relent constant.
Vale da Custa. 2002. Tra, tra!
Rencontre. 1989
Entre les genres, chacun a de plus en plus les moyens de poursuivre une aspiration profonde et partagée: être respecté par les autres et avoir une image positive de soi-même, ne pas avoir la honte. Paradoxalement, cette communauté de buts, qui signifie certainement une émancipation de la femme refusant d'être un instrument du prestige des hommes, se traduit dans des tensions entre les genres. Ainsi une autre aspiration partagée, celle de former un foyer (lar), se révèle difficilement réalisable. Pour mes interlocutrices: les hommes instrumentaliseraient la femme, ils seraient guidés par la recherche de leur plaisir et prestige personnels.
Cela
implique sa capacité à consommer et une recherche permanente
de la compagnie des autres hommes et d'amantes
"dans la rue".
Pour mes interlocuteurs masculins, les femme instrumentaliseraient l'homme
en faveur de son propre bien-être sous la forme du développement
de sa capacité de consommation. Finalement cette suspicion de l'homme
envers la femme et l'expérience des femmes des contraintes que leur
imposent des hommes toujours en quête de réaliser leur désir
d'hégémonie masculine, donnent lieu à l'heure actuelle
à une lutte des femmes contre des relations dictées par une
idéologie de relations de genre
extrèmement inégales où la femme est par nature vue
comme un danger à contrôler. Cette
situation mène à une difficulté de plus en plus affirmée
à mener une vie commune, dans le sens du partage du même espace
et des ressources économiques entre les partenaires sexuels.