La plage est un lieu privilégié, pour différentes raisons. D'abord, on est au bord de la limite entre l'île et l'extérieur de l'île, la mer - o mar. On est à la frontière physique, aller plus loin demandera un effort particulier. O mar est la limite du territoire, de la terra. O mar est la limite qu'il faut passer pour s'en aller, elle est aussi ce qui enferme sur une île petite et peu fertile. O mar est donc aussi source de nostalgie, de saudade, elle évoque les départs, le mystère et incarne un désir toujours présent, celui de partir, de franchir la ligne. O mar est frontière, c'est-à-dire limite de l'espace et porte sur le désir d'altérité.
La plage, zone liminaire, est aussi un espace particulier. Un espace de
loisir, plus ou moins utilisé. Usage implanté à Mindelo
par les Anglais qui y résidèrent, la plage est l'espace de
la fin de semaine où on se divertit, on y vit. Ainsi, comme par contamination,
les plages de Praia ou de São Vicente, sont des endroits de loisirs,
ouverts, des espaces où toutes sortes de personnes se rencontrent,
où une sorte d'unité diversifiée se résout pour
un moment. Mais certains de mes interlocuteurs de groupe socio-économique
privilégié ont souligné les tensions de plus en plus
fortes qu'ils ressentent entre eux et les jeunes hommes de milieu populaire
à la plage, ils soulignent les tensions, les provocations, le harcellement
des jeunes filles, les insultes, la dificulté du partage d'un
territoire commun entre différents groupes
socio-économiques. En même temps, il ne faut pas s'en étonner,
l'offre de sites de loisirs se différencie socialement; plus loin
de la capitale, les prix, le type d'équipements (Hôtels assez
luxueux) et la distance sélectionnent les usagers.
Plage. 1990. A la plage