En
plus de 10 ans, les intérieurs des maisons ont changé. On le
voit dans les magasins des récents immigrés chinois qui se consacrent
principalement au commerce de biens de consommation non périssables
et individuels. Ces biens de consommation chinois jalonnent tous mes parcours.
Mais ce qui m'a laissé la plus grande impression, c'est leur présence
dans l'explosion de l'ornementation de la sala de visita, espace intérieur
de la maison (Kaza) réservé à la représentation,
l'espace public de la maison privée. C'est une explosion d'ornementation:
les tapisseries synthétiques, rideaux, les murs peints, le sol carrelé,
les napperons crochetés, les fleurs artificielles, les posters, les
statuettes de porcelaine s'imposent nombreuses, aux côtés des
collections de verres, siégeant sur des étagères, aux
côtés de la télévision, de l'aparelhagem.
Cette sala de visita est toujours meublée au moins d'une table
basse, de sofas. Si il y a eu une amélioration dans les conditions
de vie des personnes que je connais, c'est dans leur espace intérieur
qu'on le voit le plus. Mais cette débauche particulière d'objets
d'ornementation produit en masse ne m'était pas étrangère,
je l'avais trouvée dans les maisons des
mieux nantis.
Praia. 2002. Na estante
Si
moi, je m'inquiète, déplore, voire me moque, du déploiement
des différences sociales dans le territoire
de la ville, si je raille aussi cette fièvre consumériste
qui semble se traduire si évidemment dans l'exposition de myriade de
petits objets laids et inutiles, pour la plupart de mes interlocuteurs, ce
sont des signes de "développement"! C'est la preuve que les
choses se sont améliorées au Cap-Vert, "Praia dja vira
sabi, bonitu"" Maintenant, Praia est devenue super, belle".
La consommation d'objets qui pour moi marquent la dépendance, sont
des signes de prospérité, ils créent de la beauté.
Ils démontrent au quotidien que les choses s'améliorent, ils
sont une sorte de témoin quotidien de sécurité .