Garikai a appris son art lors de son séjour au Zimbabwe où il s'est réfugié au cours de la guerre civile. La pierre, le poli très fin, les figures évoquent cet art zimbabwéen si largement internationalisé. (http://www.zimsculpt.com/ - galerie commerciale). De retour à la maison, il continue à travailler la pierre. Contrairement à ses collègues zimbabwéens, il est relativement isolé et a peu d'accès à la clientèle. Il me paraît que pour Garikai l'expression à travers la sculpture était un salut, une respiration, un vecteur d'expression énorme, cela rend son oeuvre très personnelle et très intense.
Garaikai insistait toujours sur le processus de création tel qu'il le vivait, comme la suite d'activités distinctes et complémentaires: D'abord trois activités préparatrices, la récolte de la pierre, son observation minutieuse et ensuite le rêve qui lui révélait la figure qu'il pourrait inscrire dans la pierre qu'il voulait travailler, ensuite la seconde étape, la sculpture elle-même, décrite comme un acte technique; enfin le polissage, la finition, chauffer la pièce au soleil, l'enduire de cire. C'est une opération très sensuelle, au cours de laquelle, selon Garikai, la pièce semblait gagner le souffle de sa personnalité. Elle clôturait le processus .
J'ai
découvert chez lui, pour la première et la dernière fois
un esprit mauvais en trois dimensions, une sculpture qu'il appelait, Chikwambu
- Mauvais esprit. Je m'étonnais toujours de la curiosité de
ses voisins face à son activité et surtout ses oeuvres. Il me
semble que le rire de ses voisins surpris, ocillait entre l'amusement véritable
des caricatures qu'ils voyaient et une sorte de profonde perplexité
face à la matérialisation en trois dimensions d'entités
le plus souvent imaginaires. Par exemple, la sculpture "mauvais esprit",
celle de la "femme des temps anciens". D'ailleurs, les oeuvres n'avaient
pas vraiment un nom, elle avait des histoires. Garikai décède
prématurément en 1999.