En vieillissant, on voit mieux comment travaille le temps. Comme, lui.

Il a vu, vécu et cotoyé des choses, les guerres, les frontières, les indépendances, les colons, les investisseurs, les rhodies, la révolution, les nouvelles religions. Il n'aime pas les religions. On vient le consulter pour savoir comment organiser les cérémonies "traditionnelles". Il n'était pas le fils aîné. Il a travaillé pour des Blancs, garder des bêtes, garder une maison, il a travaillé pour une industrie forestière, sorte de prolétaire rural, gagnant de l'argent "à l'entreprise", et de quoi manger, boire, dormir à la maison grâce à sa femme puisqu'elle travaillait les champs.

Maintenant. Il est là. Assis parmi les siens. Sans peur, sans plainte, sans amertume presque, ou juste pour le public, il a l'air serein, heureux et paisible au sein de sa maison, qui est une concession, un territoire de vie, son foyer, où il s'est définitivement posé.