Tuer un animal est toujours une épreuve. C'est un acte que l'on ne fait pas à la légère, des considérations spirituelles sont prises en ligne de compte, des tabous doivent être respectés. Le boucher reçoit une partie de l'animal, le vieux de la concession reçoit lui aussi en priorité le sexe mâle s'il ya lieu. Le boucher est une personne extérieur à la concession, le propriétaire ne tue pas son animal.

Un animal tué est synonyme d'abondance, d'un bon repas, d'un repas différent. Les meilleures parties sont réservées aux hommes et aux invités. Parce qu'il est difficile de "tuer un animal que tu as élevé", lorsque l'animal est devenu viande, il y a une sorte de légère euphorie qui flotte dans la concession; on se réjouit des repas futurs et de la qualité du met, mais aussi, on ressent une sorte de soulagement au fait que l'animal est tué et que rien de fâcheux ne soit advenu de cette mise à mort.

Il semble qu'il y ait dans la vie quotidienne, une sorte de conscience coupable des gens à croire, ou à agir en fonction d'une distinction entre étants animés et inanimés, différente de celle qui traverse encore les sciences occidentales telles qu'elles sont perçues par le public, donc différente de la distinction occidentale populaire entre nature et culture. Discours et pratiques liés à des conceptions différentes du monde dans lequel nous vivons.

Pourtant, il me semble percevoir dans le chef de mes interlocuteurs mozambicains une sorte de honte de ses pratiques et croyances face à des personnes qui ne semblent pas partager les mêmes pratiques (les Européens par exemple, des Africains éduqués, les médecins, ...), rafinement de la perversité d'une hégémonie discursive, au centre de laquelle, la "culture" est un capital et les "cultures" (auxquelles les héritiers par naissance échappent difficilement) hiérarchisées.

Mozambique
Un voisin dépèce un jeune porc.
A Mutumbomwé. 1999.
Hommes âgés
Alter-égaux