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Praia – Cidade

Organisme, corail sur le fond d’une mer asséchée

Cet organisme, apparemment minéral, est élaboré, innervé ; à le sillonner, on y découvre ses structures et ses chairs vives, végétales, animales et humaines qui l’irriguent, y circulent, l’élaborent …

La photographie de Gabriel Rodriguez de 2014 et la musique de Yannick Kappah Neves, Nha Sonho m’ont donné l’envie d’explorer la ville de Praia, de la ressentir en suivant leurs propres intuitions, du moins ce que j’en ai saisi…

La photographie de Gabriel de 2014 sur laquelle on découvre Bela Vista, Terra Branca, Tira Chapeu et plus loin Achada de Santo António, a nourri l’envie de multiplier les vues surplombantes de la ville. D’autant que cette photographie a provoqué une fascination auprès des Praienses (habitants de Praia) qui l’ont vue.

Vue de Bela Vista - Praia 2014

Vue de Bela Vista – Praia 2014 – Gabriel Rodriguez – Passez la souris

J’avais un souci diachronique d’abord, pouvoir saisir des images semblables à intervalles réguliers, observer le changement dans l’espace. La fascination vient du surplomb, ce point de vue, un point de vue de prédateur, une position de domination, a vantage point, an « over-standing » (bien plus convainquant que le « under-standing »), sorte d’illusion la plus parfaite de la perception avec l’absence. Le point de vue impossible en sciences.

Praia de Bela Vista 2016

Praia de Bela Vista 2016 – Passez la souris

Le point de vue favorise les métaphores objectivantes.. un peu… Je voyais de là-haut Praia comme un organisme, un corail. Je contemplais Praia comme le fond d’une mer dont les eaux se seraient retirées. Elles sont retenues là au large, on aperçoit un mur d’eau droit et bleu au-dessus de l’horizon. Ce fond de mer s’est asséché, il est couvert d’un corail crème, presque minéral, de loin on y verrait une coulée d’émail sur un fond accidenté de basalte. Cet organisme, apparemment minéral, est élaboré, innervé ; à le sillonner, on y découvre ses structures et ses chairs vives, végétales, animales et humaines qui l’irriguent, y circulent, l’élaborent. Un organisme vibrant de vies, en lien avec le monde océan en entier, une structure évolutive irriguée par le monde.

Une plaque de corail dans une mer. On sent les pulsions de vie en son sein qui en enfantent les formes. L’organisme croît en hauteur. Des cercles de blocs gris sont superposés et dressent des murs aveugles le long des routes. Son expansion est également en étendue. Les reliefs sont grignotés, escaladés par les volumes grisâtres, boîtes de ciment, pierre, fer et sable. Aux marges, l’organisme s’étend avec des matériaux qu’il amène à ses franges, des vieilles tôles, des panneaux d’aggloméré et des pierres, des blocs déjà, peut-être quelques bâches publicitaires. Au fur et à mesure que ces habitations hybrides se font dépasser par de nouvelles, elles se durcissent, elles se bétonisent, … la tôle métallique, de couleur bleue ou terre de sienne a fait son apparition,…

Ça remue des sacs, des pelletées, des roches et des pierres. Les éclats de basalte volent acérés. La terre en poussière rouge se loge à la racine des cheveux. Les acacias, épineux et verts s’inclinent dans le vent. Les chiens trottent négligemment. Des gros sons emplissent la rue,…

Elle pousse donc rapide en hauteur et en étendue, escaladant les reliefs, elle se teint. Les vents l’assèchent. Elle doit museler la poussière qui se glisse dans toutes ses jointures. De quoi a-t-elle soif, que génère-t-elle ? Mouvement. Confort. Routes. Couleurs surtout le vert. Eau et musique. Spectacles et événements. Bus et électricité. Lumière et Fraîcheur. Des connexions pour l’irriguer.

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