COUIC!
Elle ne peut pas se relever, la bouche pleine de sang. Le goût chaud se mêle à l'haleine de son boureau. Un goût lourd d'alcool. Ses cheveux lui font mal. Elle se traîne à reculons dans un coin, tout contre les pierres du mur, poussant tout son corps de ses pieds repliés presque sous ses fesses. Elle pédale contre le sol où ses pieds glissent. Elle ne pleure pas. Elle lui coupera les testicules. D'abord, elle patinera doucement la vieille lame rouillée contre le seuil de la porte, accroupie dans l'ombre, le visage entre les genoux, pansée par le vent, le silence et la fraîcheur de la nuit. Plus tard, quand il ronflera, elle les tranchera et l'en gavera.
Mais les coups, elle les prend sans crier. Elle geint seulement une plainte comme ces chansons de travail dictant le rythme de la houe, elle berce les coups et son corps. Si seulement il l'entendait, il s'assoierait là et puis il pleurerait de rage, brisé par la force de sa femme. Il n'entend rien, tout occupé par ses échecs et les rancoeurs que l'alcool embrase.
Des coups qui pleuvent, automatiques. Pam, pam, pouf... Elle est l'enclume et le fer. Pam, pam, pouf... Plus que la douleur, ce sont les degâts à son corps qu'elle inspecte, évalue, guettant les bruits de son crâne, de ses mâchoires, de ses omoplates, de ses dents, de son ventre jeté contre les côtes Plouf, crac.
Elle
le châtrera comme un petit pourceau. Couic!
Praia. Vendeuse de poisson. 1990