L'expérience est précieuse, elle ordonne le monde. La polygamie des hommes et la critique qu'en font les femmes (mais à qui? à moi, un homme ou devant moi) au Cap-Vert comme au Mozambique, est toujours très pragmatique.
Entretien - Sur la polygamie.
Entretien avec Minha, 27/08/2002
Guy:
Quand je suis arrivé, nous avons parlé de votre fille, vous
m'avez dit que le problème c'est que les hommes arrangent deux, trois,
ou quatre femmes et ils n'ont rien à leur donner, n'est-ce pas? Est-ce
que ces façons des hommes furent toujours ainsi, ou est-ce une chose
neuve?
Minha: Ce fut toujours ainsi. Un homme avec deux ou trois femmes et
qu'est-ce que l'homme a à donner aux femmes? Deux ou trois femmes et
qu'est-ce que l'homme a à donner? Guy, rien que pour travailler pour
donner à manger à trois femmes, aux enfants? Lui seul le peut-il?
G: Ben, non, ça ne va pas.
M: Voilà, c'est pas possible ça.
G: Ce fut toujours ainsi au Cap-Vert?
M: Oui, sauf qu'avant nous étions moins nombreux, alors maintenant
que nous sommes plus nombreux, … Guy, si tu as trois femmes, quand arrive
la fin du mois et que tu reçois [ton salaire] tu parviens à
donner la même chose aux trois femmes?
G: Ah, y'a pas.
M: Alors! Y'a pas! Dès lors, ce qui faut, c'est le consensus
dans la maison, le mariage. Celui qui a un enfant "particulier",
il peut lui donner, 1000, 2000, 3000 escudos [9, 18, 27 Euros], c'est suffisant
pour un mois ou trois? C'est suffisant?
G: C'est peu.
M: Aha! C'est peu!
G: Les femmes acceptent cela?
M: Il y a des folles qui acceptent, mais celle qui comprend les choses,
elle, n'accepte pas. Parce que cela ne marche pas; parce que ton enfant est
à l'école, il mange, il boit, il se vêtit, il se lave.
Pour que son enfant soit bien mis, elle [une femme] le chausse pour aller
à l'école pour qu'il soit bien. C'est cela que l'on dit. Si
il est mal mis, je ne montre pas mon enfant, parce qu'il est mal mis. Mais
si il est bien mis, bien vêtu, bien chaussé, je dis: "Regarde
ici, voici mon enfant". Nous tous, nous prenons bon soin de notre enfant.
On ne veut pas qu'il soit mal.
Dans la cour de la maison. Cidade Velha. 1988